
Créatine et maladie de Huntington
La maladie de Huntington se caractérise par l’apparition, Ã
partir de quarante ans, de troubles mémoriels mais aussi d'un
déficit de l'attention et de mouvements soudains que la personne
atteinte ne peut pas contrôler. C'est une maladie génétique qui
comporte de gros risques de transmission de parents à enfants. En
effet, si l'un des parents est atteint, l'enfant aura une chance sur
deux de développer la maladie de Huntington en vieillissant.
Pour l'instant, aucune étude n'avait réussi à trouver un remède afin
de lutter contre la maladie. De plus, il était difficile de trouver
des candidats pour les études car un grand nombre de personnes Ã
risques ne voulaient pas savoir s'ils étaient atteints ou non de
cette maladie.
Mais, pour la première fois, une étude a surmonté les obstacles pour
s'intéresser à un possible traitement à partir de créatine.
Essai clinique et créatine
Il y a peu, un essai a été mis en place pour tester l'effet d'une
prise de créatine pour lutter contre l'évolution de la maladie.
Une des particularités de cette étude, c'est qu'elle a réussi Ã
englober la présence de patients qui n'ont pas voulu savoir s'ils
étaient atteints de la maladie. En effet, l'étude portait sur des
personnes à risques, dont un des parents était porteur de la
maladie, et qui présentaient donc une forte possibilité de la
développer.
Or, sur les 64 candidats, 45 n'ont pas voulu savoir s'ils étaient
eux-même porteur de la maladie, préférant continuer à vivre leur vie
sans savoir qu'ils avançaient inexorablement vers une dégénérescence
annoncée.
L'hypothèse de travail
La maladie de Huntington produit une atrophie de certaines zones du cerveau causée par le dysfonctionnement d'une protéine particulière : la huntingtine. Cette protéine possède un rôle primordial dans la création de l'énergie à l’intérieur des cellules.
L'hypothèse des chercheurs a été d'utiliser une grande quantité de
créatine afin de compenser le rôle défaillant de la huntingtine.
C'est ainsi que, pendant six mois, la moitié des candidats ont
ingurgité un maximum de 30g de créatine par jour, en 2 prises, alors
que l'autre moitié n'a pris qu'un placebo.
Puis, l'année d'après, tous les candidats, sans exception, ont pris
de la créatine selon les mêmes dosages ce qui a permis de créer un
point de comparaison.
Une des conditions de sélection des candidats était qu'aucun ne
devait avoir encore démontré de symptômes de la maladie. La maladie
de Huntington ne s'était donc déclarée chez aucun d'entre eux et le
traitement intervenait donc à un point précoce dans le développement
de la maladie.
Les résultats
Chez les candidats que l'on a découvert porteur du gène de la maladie, les IRM procédés par les chercheurs ont démontré que l'évolution de l'atrophie cérébrale, touchant en premier lieu certaines régions du cortex ainsi que les ganglions de la base, a été ralentie par rapport à des candidats qui n'avait pas reçu de créatine dans les premiers temps.
D'un autre côté, l'étude n'a pas réussi à déterminer un effet de retardement sur la diminution des fonctions cognitives. Mais cela pourrait s'expliquer par une difficulté à mettre en relief les effets de la maladie sur la cognition à ce stade de développement. Les symptômes seraient trop subtils pour être mesurés correctement. Cela reste donc à démontrer par de futures études.
Des résultats tout de même positifs donc, puisque cette étude semble pointer vers des possibilités de retarder l'avancée de la maladie grâce à la créatine. Elle démontre aussi qu'il est possible d'expérimenter sur des candidats qui ne veulent pas savoir s'ils sont porteurs ou non de la maladie. Enfin, l'étude permet de penser au développement futur de biomarqueurs grâce à l'utilisation de la neuro-imagerie.
Plusieurs abandons mais un espoir
Il est à noter qu'au cours de l'étude, 15 candidats ont décidé de se soustraire aux expérimentations notamment à cause des désagréments causés par l'ingestion d'une quantité importante de créatine. En effet, la créatine à haute dose peut être responsable de troubles gastro-intestinaux comme des maux de ventres et de la diarrhée. D'autres ont abandonné à cause du stress causé par le rappel constant de la possibilité qu'ils avaient de développer la maladie, même sans en être certain.
Pourtant, les chercheurs soulignent que l'essai a été crée précisément de façon à éviter que les candidats ne soient mis au courant de leur maladie. Démontrant par la même que les essais pouvaient être compatibles avec les besoins d'intimités génétiques de certains patients. Ouvrant par la même, un nouvel espoir pour les études sur d'autres maladies génétiques. En effet, les candidats pourront dorénavant participer à ce type d'essai sans craindre d'être mis au courant sur leur état. Ce qui devrait permettre une expérimentation plus facile pour certaines maladies qui auront plus de candidats pour les essais.